Splendeurs persanes

Mania est cet état d’extase ou de quasi folie que l’homme a toujours désiré atteindre pour s’approcher de l’intouchable, s’emparer de l’invisible, se fondre en l’Autre. L’artiste poursuit plus que nul autre cet état destiné à le libérer du connu et de la mémoire et ainsi habiter pleinement le présent, dans un acte créateur.

Désir de sortir des sentiers battus.

Désir de faire face à l’inconnu, l’inattendu, la chance.

Désir de se sentir libre et sans attaches.

Désir de se libérer de ce que l’on sait ou de ce dont on se rappelle, et de recréer chaque moment passé.

Désir de voir le monde clairement, même brièvement.

Dans la musique persane, le musicien improvise en naviguant librement entre différents modes (dastgâh) et types de mélodies (gusheh), en utilisant des rythmes et des mélodies préexistants, qui peuvent être simples ou complexes. Cette improvisation se base donc sur une tradition musicale bien établie. Le musicien est ancré dans le monde connu de la musique persane qui a une existence propre.

Dans Mania, le musicien se trouve face à l’inconnu. Il joue littéralement avec les sons à chaque instant, et dans la durée. La musique qui émerge est imprévisible et extraordinaire, dans le fond comme dans la forme. Les instruments et leurs langages nous mènent vers des sonorités persanes mais on se trouve très loin de la musique persane classique. Appelons cela simplement de la musique.